26 novembre 2025
Portrait

Luc Calvez

À Plounévez-Lochrist, au cœur du Finistère nord, les champs de Luc Calvez racontent une histoire de patience et de convictions. Ici, pas de serres chauffées ni de légumes forcés : la saison décide et le maraîcher s’adapte. « Je cultive pour nourrir, pas pour tromper », résume Luc, avec un sourire franc.

Fils de paysan, il a repris la ferme familiale en choisissant de la convertir en bio. « C’était une évidence. La terre qu’on m’a transmise, je veux la rendre vivante. » Ses parcelles accueillent une diversité de légumes qui suivent le fil de l’année : pommes de terre nouvelles au printemps, tomates anciennes en été, courges en automne, choux et carottes en hiver. Son calendrier est celui de la nature, pas celui de la grande distribution.

Pour Luc, cultiver en saison, c’est aussi un choix économique et social. « Quand un consommateur achète une tomate en décembre, il ne se doute pas qu’elle a traversé la moitié de l’Europe ou qu’elle a poussé sous chauffage. Moi, je préfère proposer une soupe de poireaux bien d’ici. » Cette pédagogie, Luc la porte aussi dans ses partenariats avec les AMAP et les écoles locales. Il ouvre ses champs aux curieux, montre les semis, les rotations, explique pourquoi une terre reposée est une terre fertile.

Son combat rejoint celui de nombreux producteurs bio bretons, regroupés au sein de la coopérative BioBreizh. Ensemble, ils défendent une agriculture qui respecte la biodiversité, protège les sols et garantit un revenu juste. Luc le répète : « On ne peut pas sauver les saisons seuls. C’est collectivement, avec les consommateurs et les cuisiniers, qu’on avance. »

Dans un monde pressé, où l’abondance masque souvent l’artifice, Luc rappelle l’essentiel: produire moins mais mieux, écouter la terre avant de la forcer, remettre du sens dans l’acte de se nourrir. Sa ferme, modeste en apparence, porte ainsi un message plus vaste — celui d’une agriculture qui soigne autant qu’elle nourrit, et d’un avenir qui, pour rester fertile, devra ressembler un peu à ses champs : sobres, vivants, et profondément reliés au rythme du vivant.

Abonnez-vous à notre newsletter

Please correct the marked field(s) below.
Newsletter